Plateau 9 -scène de pluie

Traversée de Paris à l'aube sous la pluie. Quarante kilomètres, là-bas plus loin d'énormes batisses grises bordées de rouge, les studios. Rien de plus banal en apparence, que ces immenses bâtiments aux couloirs interminables dont deux tigres de plâtre gardent l'entrée. Loin très loin il y a un soleil sur une île. Ici les sunlights,les loumas, les steadycams. Immense bâtiment noir à l'intérieur, très haut, décor d'une ville la nuit, passerelle sur le vide, énormes ventilateurs, le studio est une ruche noire éclairée par endroits.  Puis soudain le silence à la demande : silence, moteur, tourne , annonce ! Action. Il pleut, il pleut des cordes sur ce faux toit de building, les éclairs sont partout, il s'avance sur la passerelle dominant le vide, un éclair jaillit encore, le vent d'énorme ventilos envoie la pluie en tous sens. La ville est morte. Silhouette dominant le vide qui sera plus vertigineux encore à l'écran. Musique pour doper les acteurs aux visages et aux corps trempés. Coupez ! Changement d'axe, nouvelle prise. On la refait encore et encore, encore et toujours. Pluie glaciale, vent, brumes, éclairs sans fins. Acteur suspendu au dessus de tous les vertiges, les bras en croix pour une crucifixion high-tech. Cris : "ne faites pas çà !!! allez ne faites pas çà !!!-Coupez. 

Pause déjeuner. Vêtements trempés, imbibés d'eau. Loge, changements de costume, le même en sec évidement.  Loge silencieuse au canapé blanc, chaude, rassurante juste dix minutes....Cantine de toile blanche chauffée et la machine repart. Balustrade sur le vide, cris- Dernier plan : un gros plan, la louma tombe en panne, la voix se brise, cassée par les hurlements de la mémoire...Cut.